Le "Quiet Quitting" : Symptôme d'une entreprise malade de ses émotions ?

Le terme “quiet quitting” (démission silencieuse) a fait irruption dans nos conversations professionnelles et sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre. Loin de la démission formelle, il décrit une situation où les employés ne font plus que le strict minimum, refusant d’aller au-delà des exigences de leur poste. Mais au-delà de la tendance, le “quiet quitting” n’est-il pas le signal d’alarme d’un mal plus profond : celui d’une santé émotionnelle en souffrance au sein de nos organisations ?

Qu’est-ce que le “Quiet Quitting” exactement ?

Le “quiet quitting” ne signifie pas que l’employé cesse de travailler. Il continue de remplir ses missions, mais refuse les heures supplémentaires non rémunérées, les tâches qui débordent de sa fiche de poste, ou l’investissement émotionnel supplémentaire souvent attendu dans la culture du “toujours plus”. C’est un retour aux fondamentaux du contrat de travail : je fais ce pour quoi je suis payé, ni plus, ni moins.

Ce phénomène est souvent une réponse, consciente ou inconsciente, à l’épuisement professionnel, au manque de reconnaissance, à la charge mentale excessive, ou à un sentiment de déconnexion avec les valeurs de l’entreprise. En d’autres termes, c’est une forme de protection face à une relation de travail déséquilibrée.

La santé émotionnelle : le chaînon manquant ?

Si le “quiet quitting” est la partie visible de l’iceberg, la santé émotionnelle en est la base immergée. Un employé qui se désengage silencieusement peut souffrir de :

  1. Surcharge émotionnelle : La pression constante, la gestion des conflits, l’incertitude ou un environnement de travail toxique peuvent drainer l’énergie émotionnelle.                                                    
  2. de reconnaissance : Le sentiment que ses efforts ne sont pas valorisés peut entraîner une profonde frustration et un sentiment d’injustice.                  
  3. Absence de sens : Quand le travail perd de sa signification, la motivation intrinsèque diminue, laissant place à une exécution mécanique des tâches.                                                                                      
  4. Isolement : Le manque de connexion et de soutien social au travail peut amplifier le sentiment de détresse émotionnelle.

Lorsque ces facteurs s’accumulent, l’employé, pour se protéger, réduit son investissement émotionnel, ce qui se traduit par ce fameux “quiet quitting”.

Les conséquences pour les entreprises et les particuliers

Pour les entreprises, ignorer le “quiet quitting” revient à s’exposer à :

  • Une baisse de productivité globale : Moins d’initiatives, moins d’engagement, moins d’innovation.
  • Un climat social dégradé : Le désengagement d’une partie des équipes peut être contagieux.
  • Un turnover masqué : Les employés restent, mais leur cœur n’y est plus, ce qui peut freiner la croissance et l’adaptabilité.
  • Des coûts cachés : Absentéisme, présentéisme, baisse de la qualité du travail.

Pour les individus, le “quiet quitting” peut être une stratégie de survie à court terme, mais il ne résout pas les problèmes sous-jacents de santé émotionnelle. Il peut même mener à une forme de résignation, où le travail n’est plus qu’une contrainte et non une source d’épanouissement.

Comment inverser la vapeur ? Les piliers de la santé émotionnelle en entreprise

Il est urgent pour les entreprises d’adopter une approche proactive en matière de santé émotionnelle. Voici quelques pistes concrètes :

  1. Cultiver la reconnaissance et la gratitude : Mettre en place des systèmes de feedback positifs, reconnaître les efforts et les réussites, petits et grands. Un simple “merci” sincère peut faire des miracles.
  2. Favoriser des managers empathiques : Former les managers à l’écoute active, à la détection des signaux de détresse et à la promotion d’un environnement de soutien. Un manager est souvent la première ligne de défense de la santé émotionnelle de ses équipes.
  3. Promouvoir l’équilibre vie pro/vie perso : Encourager la déconnexion, limiter les réunions en dehors des heures de travail, et offrir de la flexibilité lorsque c’est possible.
  4. Offrir des ressources : Mettre à disposition des programmes de soutien psychologique, des ateliers sur la gestion du stress, ou des séances de coaching en santé émotionnelle.
  5. Établir un dialogue ouvert : Créer des espaces où les employés se sentent en sécurité pour exprimer leurs préoccupations sans crainte de jugement ou de représailles.

Le “quiet quitting” n’est pas un caprice de collaborateurs, mais un signal clair que notre approche du travail et du bien-être doit évoluer. Investir dans la santé émotionnelle de ses équipes n’est plus une option, c’est une nécessité stratégique pour la performance et la pérennité des entreprises.

En conclusion

Plutôt que de juger le “quiet quitting”, il est temps de l’écouter comme un symptôme.

C’est l’opportunité de repenser nos environnements de travail pour qu’ils soient des lieux où la santé émotionnelle est une priorité, où l’engagement est sincère et durable, et où chacun peut s’épanouir.

Et vous, comment percevez-vous le “quiet quitting” dans votre environnement professionnel ? 

Sources & Références

  • Gallup. State of the Global Workplace: 2022 Report. Ce rapport aborde l’engagement des employés et les tendances mondiales. (Recherchez la version la plus récente de leur rapport annuel).
  • The World Health Organization (WHO). Mental health in the workplace. La l’OMS propose des directives et des ressources sur la santé mentale au travail.
  • Forbes / Harvard Business Review : De nombreux articles sur le “quiet quitting” et la santé mentale au travail ont été publiés par ces médias. Par exemple : “What Is Quiet Quitting?” (Forbes) ou “Quiet Quitting Is About Bad Bosses, Not Bad Employees” (HBR).
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